L'esthétique scientifique en France 1857-1937
L’esthétique scientifique n’a pas cherché le beau dans son essence mais dans ses moyens et dans ses effets. Elle a valorisé, autant que l’œuvre, l’observateur dans son ancrage corporel, et mis en avant l’expression plutôt que l’imitation.
Son projet a pour toile de fond les développements des sciences expérimentales, de la physiologie et de la psychologie des sensations aussi bien que les réflexions sur la sympathie esthétique et l’empathie. Les termes du débat qu’elle suscite accompagnent l’émergence d’un mouvement de fond affectant la philosophie et les arts, résultat de la tension forte que recouvre la notion d’esthétique depuis le xviiie siècle, entre le beau et la sensation (l’aisthesis).
Articulée au système des arts dès les années 1860, cette esthétique rationnelle est en outre le lieu d’un dialogue soutenu entre la philosophie et les pratiques artistiques. L’idée d’une science de l’art irrigue l’enseignement des beaux-arts comme elle accompagne certains développements artistiques de premier ordre, de la théorie néo-impressionniste à celle des débuts de l’abstraction.
Réunissant philosophes de l’esthétique et historiens de l’art, l’ouvrage collectif Vers la science de l’art. L’esthétique scientifique en France, 1857-1937 forme le projet de remettre en lumière un corpus d’auteurs et de textes encore trop négligés et d’analyser le contexte de la culture scientifique et visuelle dans lequel ont émergé certaines des œuvres les plus significatives de la période envisagée.
Introduction
(A. Pierre, C. Maigné, J. Lichtenstein)
Chapitre I : La science du beau
. Alain-Patrick Olivier, « Les paradoxes de la science du beau dans la philosophie française »
. Michel Espagne, « La Science du beau de Charles Lévêque »
. Marie Guthmüller, « Procédés empiriques et savoir esthétique. Hippolyte Taine fondateur de la ‘critique scientifique’ et de la ‘psychologie expérimentale’ »
Chapitre II : Transferts
. Carole Maigné, « La science de l’art dans la Revue philosophique »
. Jacqueline Lichtenstein, « Victor Basch et l’esthétique expérimentale : une histoire oubliée de l’esthétique française »
. Céline Trautmann-Waller, « Berlin 1913-Paris 1937 : l’esthétique et la science de l’art, d’un congrès à l’autre »
. Georges Roque, « La sensation visuelle selon Helmholtz et sa réception en France »
Chapitre III : La science de l’art
. Eric Michaud, « L’esthétique scientifique de Charles Henry et l’avènement du normal »
. Jean-Marc Colrat, « Une science totale, ou l’esthétique de Maurice Griveau »
. Pascal Rousseau, « Charles Henry : la mathématique des sentiments et l’harmonie sociale »
. Estelle Thibault, « La ‘parti solide de l’esthétique’. Une science des formes utiles à l’âge de l’industrie »
Chapitre IV : Perception et mouvement
. Arnauld Pierre, « Du plaisir moteur de l’œil. Hédonique et sens du mouvement »
. Roxana Vicovanu, « De la ‘grammaire du geste’ au ‘geste de l’art’. Adolphe Appia et Emile Jaques-Dalcroze à la recherche du rythme »