Discours esthétiques dans l'Allemagne et l'Autriche du XIXe siècle
La musique de l’Allemagne romantique est évoquée ici non pas à travers les œuvres elles-mêmes, mais à la lumière de la réflexion théorique développée autour de la création artistique. Il s’agit de démontrer que les discours esthétiques font partie intégrante de l’histoire de la musique, qu’ils contribuent largement à façonner la conscience musicale des intellectuels et des musiciens, et qu’ils orientent indirectement la perception des œuvres par le public.
De la mort de Beethoven (1827) à l’inauguration du festival de Bayreuth par la création de L’Anneau du Nibelung (1876), l’ouvrage porte sur une période où l’on observe un essor exceptionnel des discours sur la musique dans le monde germanique : en même temps que se multiplient les essais philosophiques consacrés au sujet, les grandes revues musicales connaissent un développement sans précédent. Le livre met en perspective des types de textes variés, dus aussi bien à des philosophes (Hegel, Vischer, Herbart, Zimmermann, Lotze, Lazarus) qu’à des musicologues (Hanslick, A.B. Marx, Ambros, Brendel) ou à des compositeurs (Schumann, Wagner, Liszt). Il tente de rendre compte de la circulation des idées entre intellectuels, musicologues et musiciens en se concentrant sur un faisceau de thématiques liées à la question de l’hétéronomie musicale et du rapport entre musique et Logos.
CHAPITRE I : La conscience musicale romantique
Une théorie de la musique romantique sans musique
romantique – Romantisme et musique instrumentale – La
conscience romantique après le romantisme littéraire –
Présences d’E.T.A. Hoffmann – L’autorité du modèle hégélien
dans la perception du romantisme – Les ambiguïtés de la
« Nouvelle École romantique » – L’opéra romantique, le
Singspiel et la question nationale
CHAPITRE II : La peinture musicale
L’imitation des phénomènes acoustiques : Le bannissement de
la peinture sonore – Le plaidoyer d’Adolf Bernhard Marx
La musique et le paysage : L’oeuvre d’art totale et la musicalité
de la couleur – Couleurs et musique selon Friedrich Theodor
Vischer – La musique du paysage romantique
CHAPITRE III : Hegel et le déni de la musique instrumentale :
un défi pour la « musique de l’avenir »
Le silence sur Beethoven et la question de la musique
instrumentale – La musique instrumentale, expression de
l’idéal artistique moderne selon Christian Hermann Weisse –
La lecture d’Eduard Krüger : vers un Hegel romantique
CHAPITRE IV : Liszt, Brendel et la théorie du poème symphonique
L’autonomie de l’art dans le tourbillon de l’histoire – L’invention
du poème symphonique : éléments de définition – La quête d’une
musique « parlante »
CHAPITRE V : Musique et sentiments
Sensations et sentiments – La particularité du sentiment et
l’universalité du langage – L’autonomisation du sentiment dans
l’Esthétique de la musique de Ferdinand G. Hand – L’objet du
sentiment dans l’esthétique de Friedrich Theodor Vischer – La
musique peut-elle accéder à la précision des sentiments ? – Le
sentiment pathologique dans l’esthétique romantique selon
Adolph Kullak – Le formalisme revisité par la psychologie :
Moritz Lazarus et la théorie de l’aperception
CHAPITRE VI : Le formalisme : « une association baroque de mystique et de mathématiques » ?
Eduard Hanslick et Sixtus Beckmesser – « Les sentiments ne sont
pas le contenu de la musique » – Hanslick formaliste malgré lui –
Une esthétique pensée dans l’esprit de la musique – Les grands
principes de la « science des formes » selon Robert von
Zimmermann – Formalisme versus romantisme : un son est-il
déjà de la musique ? – Le prélude de L’Or du Rhin, le sublime et
l’amorphie
CONCLUSION
ANNEXE 1 : Les auteurs étudiés
ANNEXE 2 : Les revues musicales
Bibliographie - Index des noms cités