Le roman de la RDA après la chute du mur
Apparu en 1989, le terme de Wenderoman (« roman du tournant ») désigne un genre de la littérature, nouveau par sa thématique et par sa forme en lien étroit avec la Réunification allemande. Parmi tous les auteurs ayant traité le sujet, l’étude en a choisi trois : Wolfgang Hilbig, Jens Sparschuh et Thomas Brussig, tout d’abord parce qu’ils représentent trois sensibilités typiques : Hilbig (1941-2007), ayant connu les affres de la division, contrairement à Sparschuh (né en 1955), né dans une RDA stabilisée par le rideau de fer, tandis que Brussig (né en 1965) incarne la rage d’une jeunesse libertaire, prête à tout pour renverser un régime honni.
La perspective choisie suggère que ce roman est né à l’est du mur, plus précisément dans le quartier de la dissidence à Berlin-Est, le Prenzlauer Berg. Au-delà des thèmes politiques et historiques, les références philosophiques au postmodernisme et au poststructuralisme intègrent une interrogation métaphysique sur la condition humaine, donnant une dimension universelle à des œuvres pourtant inscrites dans un moment très particulier de l’Histoire. Enfin, le Wenderoman ne se contente pas de traiter la crise identitaire de la Réunification, c’est un genre romanesque spécifique, une « écriture » privilégiant l’allégorie et l’ironie. Et c’est bien cela que ces trois auteurs ont réalisé.
Préface. Déconstruction, poststructuralisme et postmodernisme
Première partie
Wolfgang Hiblig, écriture de l’absence
Chapitre I. Esthétique de la déconstruction
Signes et significations. – Jeux de perspectives. – L’éclatement de la personnalité.
Chapitre II. La vie est un songe
La position fœtale. – Esthétique de l’attente – Le désir et l’indifférence
Chapitre III. La traversée de l’Achéron
Bitterfeld : histoire, autobiographie et fiction. – Feuerbach et la Stasi. – La descente aux enfers. – Structuralisme et bohème
Deuxième partie
Thomas Brussig, le corps grotesque
Chapitre IV. Au début était le verbe
Jeux de perspectives. – Comédie burlesque. – Le verbe jubilatoire
Chapitre V. Priape ou le corps grotesque
La nef des fous. – Le corps grotesque. – L’écriture du corps
Chapitre VI. Le cercle œdipien
Roman de formation. – Le corps et la raison. – Psychanalyse du totalitarisme. – Joie blasphématoire
Troisème partie
Jens Sparschuh, tout s’écoule
Chapitre VII. Ironie et distanciation
Le regard oblique. – Question de genre: « Heimatroman ». – Refus du pathétique et de l’« Ostalgie »
Chapitre VIII. Espace clos : métaphores et symboles
Mythes et symboles. – Enfermement et vertige existentiel. – Écriture neutre
Chapitre IX. On n’entre jamais deux fois dans le même fleuve
Tout s’écoule… – Permanence et mouvement perpétuel. – Le sommeil de la raison. – L’épuisement universel
Quatrième partie
Déconstruction du roman, déconstruction de l’être
« Wenderoman » ou l’écriture de la déconstruction. – Raison et folie. – Écriture allégorique et ironique. – L’écriture du « Tournant » historique
Bibliographie. Index