Essai sur trois pièces tragiques de Shakespeare
King Richard II, Coriolanus, King Lear : ce qui réunit ces trois pièces tragiques de Shakespeare, c’est qu’elles mettent en scène d’abusives mises au ban. Les abus de pouvoir qui excluent, sans autre forme de procès, résultent d’un franc-parler, de ce qui est mésinterprété comme abus de langage et, donc, refus d’allégeance. Mais qu’elles se manifestent à partir de motifs d’ordre linguistique, ou éthique, physique voire psychique, ces pratiques relèvent toutes de ce qu’il est possible de nommer une dynamique de « déterritorialisation », laquelle anime la dramatique de l’œuvre.
Ainsi, en réponse à ces mises au ban, des stratégies de résistance se mettent en place : riposte frontale et rupture de ban, évoquant la loi du talion, mais aussi esquive, détour et recours à la ruse. Participent de ces stratégies de fulgurantes « machines de guerre » et des glissements identitaires imperceptibles qui chacun à leur façon, déjouent l’implacable cartographie des bannisseurs. Tentent également de la déjouer ceux qui, privés de lieu d’être, s’évadent mentalement. Or, refuge dans l’imaginaire et égarement dans une dialectique de l’endurance et de l’épuisement mènent ceux qui y cèdent à lâcher prise, qu’ils sombrent dans la folie ou renoncent à la vie.
En interrogeant la pratique de la mise au ban abusive, Shakespeare nous invite à un questionnement sur la légitimité du pouvoir, mais aussi sur l’exercice du libre arbitre et sur les limites de l’humain.
PRÉFACE - L’endurance de l’exil, Emmanuel Housset & Introduction
Chapitre I - Refus d’allégeance et mise au ban : l’abus de pouvoir et l’effet talion de la déterritorialisation
Chapitre II - La dynamique de la riposte : rupture de ban et « machine de guerre »
Chapitre III - La dynamique de l’esquive et le détour par l’altérité
Chapitre IV - La dialectique de l’endurance et de l’épuisement, et les phénomènes de lâcher prise
Conclusion & Remerciements
Orientations bibliographiques & Index