De Maïmonide à Spinoza
Cet ouvrage, modeste par la taille mais ambitieux par son projet, renonce à tracer trop précisément les frontières d’un continent qui, au fond, n’en a peut-être pas. Rompant avec la stérile rhétorique des « racines » et des « identités », il invite le lecteur à penser l’Europe autrement. Et il le fait en focalisant l’attention sur un segment du monde juif – son segment sépharade – qui a noué avec elle des liens à la fois singuliers et exemplaires.
De Bagdad à Cordoue, de Tolède à Salonique, d’Amsterdam au Nouveau Monde, les Sépharades obligent à un salutaire décentrement du regard. Leur trajectoire traverse l’Europe, elle l’inclut autant qu’elle la dépasse, et ce faisant, elle la révèle. Au point de contact entre l’islam et le christianisme, à la fois « orientaux » et « occidentaux », acteurs, parfois contre leur gré ou à leurs dépens, de la modernité européenne et de ses développements extra-européens, les Sépharades apparaissent dans les pages de cet ouvrage comme un miroir où nous, Européens, redécouvrons les traits ambigus et changeants de notre propre visage.
Avant-propos, par Jean-Christophe Attias
Première partie : RACINES
Les racines sépharades de l’Europe chrétienne ? Philosophie, théologie et exégèse, Jean-Christophe Attias
La métaphore et le partage, Alain de Libera
Les Sépharades, passeurs et passants, Marwan Rashed
Seconde partie : GENESES
Une genèse sépharade de la modernité européenne ? Spinoza, ses lectures et ses lecteurs, Pierre-François Moreau
Ou bien spinozisme, ou bien messianisme, Gérard Bensussan
Spinoza et le tournant marrane de l’histoire sépharade, Natalia Muchnik
Bibliographie sélective
Présentation des auteurs
Présentation du Centre Alberto-Benveniste