Comment les populations, les armées, les sociétés et les économies passent-elles de l’état de guerre à l’état de paix ? Cette problématique longtemps circonscrite à la notion d’après-guerre – apanage de l’histoire diplomatique – a été largement négligée par l’historiographie jusqu’à une dizaine d’années. Le moment où la guerre se termine peut être extrêmement difficile à cerner dans la mesure où il peut correspondre à un paroxysme de violence, se poursuivre dans l’incapacité à définir la date d’une commémoration ou dans la quête de droits à réparation. La fin de la guerre ne signifie jamais la fin des souffrances physiques – et surtout psychiques – des femmes et des hommes broyés par des forces qui les dépassent. Sortir de la guerre signifie en effet : démobiliser les soldats ; reconvertir l’appareil productif et ranimer le commerce ; chercher à satisfaire les revendications des peuples à plus de bien-être, après des mois ou des années de sacrifices ; veiller au sort des blessés, des mutilés, des veuves et des orphelins ; faire justice des crimes commis, chez soi et chez les autres ; envisager une paix durable, ou au contraire, en considérant la fin des combats comme une simple trêve, prendre des garanties pour l’avenir ; vivre avec les traumatismes vécus par les populations ou/et les individus. À partir d’exemples tirés du Moyen Âge, des guerres coloniales, des deux guerres mondiales, de la Shoah, des guerres de décolonisation, du génocide rwandais, cet ouvrage explore ces problématiques complexes avec une focale particulière sur le « retour des hommes » (soldats démobilisés, déportés de retour des camps, civils déplacés, etc.)
Préface
Jacques Frémeaux, « Sorties de guerre, retour des hommes »
1ère partie
AVANT LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Valérie Toureille, « De la guerre au brigandage. Les soldats de la guerre Cent-Ans ou l’impossible retour »
Éric Gady, « Un impérialisme scientifique ? L’exemple de l’égyptologie »
Michel Kerautret, « La Prusse au lendemain d’Iéna. Urgence, autocritique et reconstruction »
Quentin Chazaud, « Le sac de Laghouat (1852). Essai de convergence entre histoire des militaires, histoire des représentations et
“gender history” pour le premier XIXe siècle »
Benoît Beucher, « Lendemain de conquête à Ouagadougou. Les officiers de la République française, bâtisseurs d’une royauté
africaine (septembre 1896-septembre 1898) »
2ème partie
PREMIERE GUERRE MONDIALE
François Lagrange, « Les mouvements d’indiscipline collective de 1917. Les “mutineries” vues d’en haut »
Julie d’Andurain, « 15 juillet 1918, la reprise de la guerre de mouvement »
Olivier Forcade, « La sortie de guerre des services spéciaux militaires français (1918-1925) »
Philippe Nivet, « Les réfugiés français de la Grande Guerre »
Jean-Noël Grandhomme, « La difficile naissance de la “Grande Roumanie” (1918-1920) »
3e partie. SECONDE GUERRE MONDIALE
Frédéric Le Moal, « Le jour d’après l’entrée en guerre de l’Italie, le 10 juin 1940 »
Christine Levisse-Touzé, « Libération et retour des déportés »
Corine Defrance, « Que faire de l’Allemagne ? La France et l’occupation de l’Allemagne après la chute du IIIe Reich »
Claude d’Abzac-Épezy, « Fins de guerre, épurations et dégagements des cadres. L’exemple de l’armée française à l’issue de la
seconde guerre mondiale »
4e partie. GUERRES COLONIALES ET POSTCOLONIALES
Michel Bodin, « Le retour d’Indochine (1946-1955) »
Frédéric Turpin, « De Gaulle, les gaullistes et la fin de la guerre d’Indochine »
Maria Romo-Navarette, « Au lendemain de la déclaration de Pierre Mendès France à Carthage »
Caroline Piquet, « 26 juillet 1956. La nationalisation de la Compagnie universelle du canal de Suez par le colonel Nasser »
Laurent Cesari, « Les anciens combattants américains de la guerre du Viêt-nam »
Jean-Charles Jauffret, « Le combattant français de la guerre d’Algérie. Une approche méthodologique »
Jean-Jacques Jordi, « A propos des Harkis »
Benjamin Stora, « Algérie, une douloureuse sortie de guerre »
Marie-Odile Godard, « La guerre après la guerre ou la longue nuit des traumatisés. Shoah, guerre d'Algérie, Rwanda »
Postface : Michèle Battesti, « Les blessures psychiques de guerre à travers l’Histoire »
Bibliographie & Index