Décoloniser les Antilles ?

Une histoire de l'État post-colonial (1946-1982)

ISBN : 979-10-231-0708-1
Collections : Mondes contemporains
Date de publication : 10/11/2021
Format : 16 x 24 cm
Nombre de pages : 420 p.
28,00 €

En mars 1946, les vieilles colonies des Antilles deviennent des départements français, en écho à des revendications exprimées après l’abolition de l’esclavage de 1848.

Cette forme singulière de sortie d’Empire, trouvant à l’origine son plus illustre défenseur en la personne du député-poète Aimé Césaire, n’est pourtant pas synonyme de fin de l’histoire pour ces îles de la Caraïbe qui comptent parmi les plus anciennes terres de colonisation française outre-mer. Elle inaugure, au contraire, un cycle de conflictualités inédit, puisant ses racines dans les ambigüités d’une politique assimilationniste qui se déploie à contre-courant des évolutions du reste du monde colonial. Dans une région essentielle à la sécurité du «monde libre», au voisinage de Cuba, la question de la poursuite ou du rejet de cette politique, au bénéfice de l’autonomie ou de l’indépendance, s’impose comme un enjeu de la «guerre froide globale». Porteurs de visions du monde diamétralement opposées, partisans de l’assimilation et adversaires anticolonialistes du statut de département voient dans cette alternative, chacun à leur manière, les termes d’une véritable décolonisation des Antilles.

Ce livre s’attache à étudier la transition de la colonie au département à la lumière d’une histoire de l’État. Il échappe au piège de la téléologie et dévoile une histoire plus tourmentée que le fort ancrage politique de ces îles aux structures de l’État ne le laisse paraître aujourd’hui. Si la « départementalisation » des Antilles a triomphé du vent contraire des indépendances, son histoire ne s’apparente pas à un parcours linéaire retraçant la rencontre entre un État républicain, qui aurait fait fructifier l’héritage abolitionniste de 1848, et une population prédisposée à l’assimilation du fait de sa culture politique. Par de nombreux aspects, cette histoire s’avère plus complexe.

INTRODUCTION

PREMIÈRE PARTIE. Le rendez-vous manqué de la départementalisation (1946-1959) : incapacité et inertie de l’État face aux défis de la transition statutaire
Chapitre I. De la colonie au département : l’utopie d’une décolonisation dans la République
Les Antilles et l’assimilation, un héritage républicain
Les Antilles dans le contexte global de réforme de l’Empire
Les enjeux de la loi du 19 mars 1946
La départementalisation : un paravent contre les contestations internationales du colonialisme ?

Chapitre II. Une transition statutaire balbutiante
Un département à installer sur les décombres de la colonie
L’administration départementale en action : un modèle d’emblème en échec ?
Les premiers effets économiques, financiers et sociaux de la départementalisation : un bilan contrasté

Chapitre III. Une départementalisation à adapter en réponse aux « contrariétés de l’assimilation » ?
Une administration centrale à reconstruire
La formule départementale à l’épreuve du changement du régime
La départementalisation adaptée : réponse minimale au blocage politique

DEUXIÈME PARTIE. Un État en lutte contre la « subversion séparatiste » ou la mise en place d’un « ordre départemental » (1960-1970)
Chapitre IV. Un « ordre départemental » entre fermeté et répression politiques
Anticolonialisme et crépuscule des Empires coloniaux, horizon global des adversaires de la départementalisation
Insurrection, subversion antidépartementaliste ou départementalisation triomphante ? La lecture hésitante des autorités
De l’endiguement à la répression du « séparatisme » : l’éventail des réponses antisubversives

Chapitre V. Promouvoir le rattrapage pour assurer la stabilité politique
Desserrer « l’étau démographique » : un préalable primordial
Relancer la départementalisation sociale : quelles manifestations pour quels effets ?
Le mirage du développement économique. L’État pris à son propre piège ?

Chapitre VI. « Guerre froide globale » et ambitions géopolitiques gaulliennes : les enjeux internationaux de la départementalisation
« Poussières d’îles », politique de grandeur ?
Les Antilles dans la « zone de tempête de la révolution mondiale » ?
Les Antilles sous l’oeil de Washington

TROISIÈME PARTIE. Un « ordre départemental » bousculé (1971-1982) : vers une recomposition des rapports centre-périphérie ?
Chapitre VII. Vers la fin d’un consensus parfait au sein de l’État (1971-1974) ?
De nouvelles pratiques de pouvoir plus libérales ?
Régionalisation et rénovation du statut départemental : un débat inédit
Orientations et résultats du VIe Plan (1971-1975)

Chapitre VIII. L’épreuve de la « petite alternance » (1974-1981) : une continuité assurée
De la campagne présidentielle à l’installation au pouvoir
La départementalisation économique : une approche nouvelle ?
Une nouvelle « pratique de la départementalisation » ?

Chapitre IX. Les premiers temps de l’alternance socialiste : achever la décolonisation ?
1981 : la possibilité d’une rupture ?
Quelles transformations économiques et sociales ?
Repenser la relation centre-périphérie : adaptation ou dépassement de l’assimilation ?

CONCLUSION

Chercheur partenaire de l'UMR Sirice, Sylvain Mary est PRAG d'histoire à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye (Cergy Paris Université) et docteur de la faculté des lettres de Sorbonne Université (dir. Olivier Forcade). Ses recherches portent sur l'histoire de l'État et des Outre-mer depuis 1946. Il a…

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