1778-1878
De son vivant, Voltaire est entré dans la légende : dramaturge, il est tenu pour le successeur de Corneille et de Racine ; poète, il est celui qui, avec La Henriade, a enfin donné une épopée à la France ; combattant de la tolérance et de la libre pensée, il est le champion des victimes de l’obscurantisme, l’avocat des Calas, des Sirven, du chevalier de La Barre. Tout au long du XIXe siècle, Voltaire ne laisse personne indifférent. Détesté ou adoré, il apparaît comme l’un des pères spirituels de la Révolution, le « rieur plein de larmes » (Michelet) qui a œuvré à l’amélioration de la condition humaine. Le romantisme a sans doute occulté une partie de son œuvre mais a consacré l’auteur des contes, du Dictionnaire philosophique, de l’Essai sur les mœurs, du Traité sur la tolérance. De son entrée au Panthéon en 1791 à la célébration du centenaire de sa mort en 1878, il est au cœur de tous les débats philosophiques et politiques, célébré ou contesté par Mme de Staël, Chateaubriand, Hugo, Stendhal, Lamartine, Musset, Auguste Comte, Balzac, Barbey d’Aurevilly ou Louis Veuillot. Le discours de Hugo en 1878 exalte son immortalité. Raymond Trousson rassemble ici une centaine de textes d’écrivains, de critiques, de professeurs, de journalistes, de philosophes, dans lesquels se reflète également l’image des Lumières, depuis la Révolution jusqu’à la IIIe République.