Une catégorie de la pensée médiévale ?
Cet ouvrage examine l’hypothèse selon laquelle la logique de l’intus (l’intérieur) et du foris (l’extérieur) constitue un cadre de pensée majeur au Moyen Âge, une grille de lecture qui s’actualise dans de nombreux discours. Cette distinction paulinienne, systématisée par Augustin, détermine la manière dont la théologie médiévale pense l’être humain, composé d’un « homme intérieur » et d’un « homme extérieur ». Mais elle excède largement ce champ. Le couple paraît également opératoire dans des domaines aussi variés que le droit canonique, la médecine, le théâtre, l’architecture ou encore la pratique épistolaire. Plus encore, la dialectique de l’intérieur et de l’extérieur dépasse le simple niveau de la personne et pourrait être considérée comme un schème applicable à différentes réalités conçues à partir du paradigme humain : définition de la communauté, construction de l’espace en espace social, rapport entre le microcosme et le macrocosme…
Introduction, par Dominique Boutet
Première partie : Entre ciel et terre
1. L’homme et Dieu
Matthieu Raffray : « Le monde et Dieu : relations ad intra et ad extra chez les théologiens médiévaux. Étude de passages choisis du Commentaire des Sentences de Thomas d’Aquin »
Chirine Raveton : « Les anges peuvent-ils connaître les secrets des cœurs ? L’intérieur et l’extérieur de l’homme chez Bonaventure et Thomas d’Aquin »
Véronique Decaix : « Conversion à soi et justice pour tous. Le détachement intérieur comme condition de l’action juste chez Maître Eckhart »
2. L’Église
Arnaud Fossier : « Le for “interne” de l’Église (xiie-xive siècle) : entre ordre public et salut des âmes »
Sébastien Biay : « Figurer par-delà les limites du regard. Le couple intus/foris et l’iconographie des chapiteaux du rond-point de Cluny III »
Deuxième partie : Limites et critères
1. L’âme et le corps
Laëtitia Tabard : « Les débats du Corps et de l’Âme : la scène intérieure »
Pauline Labey : « L’individu malade aux xiie et xiiie siècles : rencontre entre l’intus et le foris »
2. Soi et les autres
Léonard Dauphant : « Intrus et forains. Une société transfrontalière sur une limite contestée : la haute Saône au temps de Charles VII »
Anne Rochebouet : « “Cil dedens” et “cil defors” ». Représentation et perception de l’intérieur et de l’extérieur dans la cinquième mise en prose du Roman de Troie »
Fanny Oudin : « “Uns briés trestout ploiés” ». Dedens et defors dans la pratique épistolaire médiévale »
Troisième partie : Miroirs et faux-semblants
1. Effets d’opacité
Blandine Longhi : « Déguisements et falsifications identitaires des héros épiques : un jeu dangereux »
Delphine Carron : “Intus Nero foris Cato. Une sémiologie de l’hypocrisie »
Florent Pouvreau : « Pilosa sum, sed formosa. Corps stigmatisé et sainteté admirable dans l’iconographie des saints ermites velus au xve siècle (1410-1530) »
2. L’idéal de transparence
Michele Bellotti : « Intus et foris dans la pensée physiognomonique médiévale et la Phisanomie d’Aldebrandin de Sienne »
Marie-Emmanuelle Simon : « Revêtir le vêtement d’humilité. Lecture d’un geste du théâtre allégorique des xve-xvie siècles à la lumière du De institutione novitiorum de Hugues de Saint-Victor »
Conclusions, par Damien Boquet
Bibliographie / Index des noms propres / Index thématique