Peut-on qualifier Tolkien d’« auteur catholique » ? Si le mythographe écarte de sa fiction toute allusion à la religion, on y sent néanmoins la présence d’une « sorte de foi, comme une lampe invisible », comme le lui écrivait l’un de ses lecteurs. Quelles valeurs spirituelles peut-on donc relever dans ses romans ?
La vie et l’œuvre de Tolkien, examinées dans une perspective religieuse, sont au cœur de ce livre. Anglican de naissance, sa conversion au catholicisme est placée dans le contexte religieux du xixe et du xxe siècle. Pratiquant toute sa vie, Tolkien restera conservateur sur les questions de foi. Il joue un rôle clé dans les Inklings, groupe d’intellectuels d’Oxford, animé par son ami, C.S. Lewis, essayiste en théologie populaire. Enfin, Tolkien puise son inspiration créative en grande partie dans les textes du Moyen Âge qu’il a enseignés et dont il a traduit plusieurs en anglais moderne.
Leo Carruthers explore ici la mythologie de Tolkien, dans les romans publiés de son vivant (Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux), mais aussi à travers l’ensemble des légendes sur lesquelles il a longtemps travaillé sans pouvoir les achever. Les récits les plus développés seront publiés plus tard par son fils Christopher : Le Silmarillion, les Contes inachevés et L’Histoire de la Terre du Milieu. Plus accentués vers la fin de sa vie, les thèmes du mythe, de la religion et de la spiritualité y sont présents à divers degrés. Plutôt donc qu’« auteur catholique », cet ouvrage souligne l’aspect indépendant de la mythologie de Tolkien, qui est située dans une préhistoire indéfinie, prêtant à ses récits une valeur universelle.
Note à la seconde édition
Avant-propos
Introduction. Auteur catholique / catholique auteur ?
Première partie : Chemins de vie
I. Vivre en catholique
La conversion d’une mère et de ses enfants – Les catholiques en Angleterre : le choc des cultes – L’influence du cardinal Newman et ses héritiers spirituels – La mort de la mère. Un père de substitution – La pratique religieuse dans la vie privée – Un catholique « normal » et la vie de famille
II. Fraternité littéraire et spirituelle
Tolkien, Lewis et les Inklings –Un jeu de mots parlant – Le caractère masculin des Inklings – La théologie populaire et le roman – Les aléas de la vie – Owen Barfield et l’anthroposophie – Quelques amis prêtres
III. Échos du Moyen Âge
Christianisme et écriture en Europe médiévale – Boèce et la Consolation de la philosophie – Beowulf – Ancrene Wisse (Guide des recluses) – Sire Gauvain et le Chevalier vert – Pearl (Perle) – Patience, Jonas et la Bible de Jérusalem – Les Eddas et les Nains – Le Kalevala
Seconde partie : Parcours en Terre du Milieu
Les trois œuvres majeures
Le Silmarillion et L’Histoire de la Terre du Milieu
La création d’Arda et les quatre âges du monde
Une mythologie complexe, une chronologie inventée
La vision judéo-chrétienne dans une préhistoire imaginaire
Un catholique conventionnel qui refait le monde
La colère divine : l’Akallabêth
Eru, l’Un, Ilúvatar, Père de Tout
Le Hobbit et le cycle solaire
Le libre arbitre : le choix des êtres intelligents
Vision d’un philologue
Monstres et dragons
Anges, esprits, peuples féeriques
Créatures de l’ombre
Courage dans l’adversité
Rites funéraires païens
Figures christiques
Épique biblique : vers le Paradis
Les âges de la Terre du Milieu et l’ère chrétienne
Le calendrier chrétien dans la guerre de l’Anneau
Gandalf et les fêtes des archanges
L’incarnation d’Eru et le salut du monde
Conclusion
La lampe invisible – Les lettres et la critique – Fignole part en Faërie
Bibliographie sélective
Œuvres et textes de J.R.R. Tolkien – Choix d’ouvrages et d’articles sur Tolkien – Textes et critiques du Moyen Âge – Contextes
Index
Œuvres et études de Tolkien – Lettres de Tolkien à… – Univers de Tolkien – Noms de personnes – Textes et thèmes médiévaux – Religions – Mythes et mythologies