La littérature anti-aulique en Europe (XVIe-XVIIe siècles)
Confrontés à l’émergence de la société de cour, telle que Norbert Élias l’a analysée, les auteurs hésitent entre fascination et dénonciation. Avec ironie et parfois cynisme, la poésie, les narrations, le théâtre dépeignent à la fois les attraits et les dangers de la vie curiale. À côté des traités qui enseignent comment réussir dans le monde, de Castiglione à Gracián, fleurit aussi une littérature du refus ou de la satire, qui vilipende les valeurs de la cour, fait l’éloge de la retraite ou appelle à la révolte. Bien des œuvres sont traversées par ces postulations contradictoires, hésitant entre la recherche d’une morale adaptée aux contraintes sociales et la tentation de la fuite loin des cours corrompues et corruptrices. La publication en Espagne de l’ouvrage d’Antonio de Guevara, le Mespris de la cour et l’éloge de la vie rustique (1539), puis ses traductions à travers toute l’Europe, ont cristallisé un thème déjà très vivant dans la littérature antique puis médiévale : celui de la satire du milieu urbain, des sphères du pouvoir et de la cour, conjuguée à l’éloge d’une vie simple, « médiocre » et rustique. Cette topique morale et politique traverse ensuite toute la littérature et la philosophie politique, de la Renaissance à l’Âge classique.
Préface par Nathalie Peyrebonne, Alexandre Tarrête et Marie-Claire Thomine
Frank Lestringant · « Ouverture. Le mépris de cour : Scève, d’Aubigné »
PREMIÈRE PARTIE : FRANCE ET ALLEMAGNE
Pascal Debailly · « Satire anti-curiale et émergence du sujet par la négative »
Bernd Renner · « Des Regrets aux Divers jeux rustiques : un tournant de la satire renaissante ? L’exemple du mépris de la cour »
Ullrich Langer · « Comment défendre la cour ? Le Discours de la Court (1543) de Claude Chappuys »
Brigitte Gauvin · « La critique de la cour dans le Misaulus sive Aula d’Ulrich von Hutten : un exercice de style ? »
Maurice Daumas · « “Par mal’heur, les dames peuvent tout”. La première vague d’antiféminisme en France au XVIe siècle »
Emily Butterworth · « Histoires secrètes des courtisans : Pierre de Brantôme et la cour méprisée »
DEUXIÈME PARTIE : ÉCHANGES EUROPÉENS
Blandine Perona · « “L’incommodité de la grandeur”. Lectures de Plutarque d’Érasme à Montaigne »
Delphine Amstutz · « L’éloge paradoxal du favori de cour. La réception de l’Aviso de privado d’Antonio de Guevara en France dans la première moitié du XVIIe siècle »
Susan Baddeley · « Les éditions anglaises du Mépris de la Cour de Guevara : usages d’une traduction »
Concetta Cavallini · « “[...] qui perduto ho il canto, il gioco, il riso” : la satire de la cour entre Italie et France (1540-1580) »
TROISIÈME PARTIE : ITALIE ET ESPAGNE
Silvia D’Amico · « “Fuggo sdegno di principe” : le renversement du discours courtisan dans trois dialogues de Torquato Tasso »
María del Rosario Martínez Navarro · « Misères de la cour dans la littérature espagnole de la Renaissance »
Hélène Tropé · « La critique de la cour d’Espagne par Bartolomé Leonardo de Argensola au tournant du XVIe siècle »
Cécile Bertin-Élisabeth · « Vil(le) anomie de picaros et évolution de la conception du service dans les cours »
Juan Carlos Garrot Zambrana · « Cour et campagne dans quelques pièces espagnoles de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle »
Alexandra Merle · « Mépris de la cour et art de gouverner dans la littérature politique (Espagne, fin XVIe -début XVIIe siècle) »
Sarah Voinier · « De la chronique au sermon : moraliser la cour au début du règne de Philippe III »
Mercedes Blanco · « Lejos de la curiosa pesadumbre. Un lieu retranché de la cour : l’épître en vers espagnole du XVIIe siècle »
Jacqueline Artier et Isabelle Diry · « Catalogue des ouvrages exposés à la Bibliothèque de la Sorbonne »
Index nominum
Activités de l’association V. L. Saulnier